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Dépression patronnale
Vendredi soir
série composée de 17 photographies, 2009
réalisées à la chambre 4x5, argentique, sans post-production numérique.

« (...) Ce travail est pris sous l'angle d'un patronat désabusé et souffrant, qu'accable ce début de semaine qui revient sans faiblir, sur le fond désespérément continu d'une crise très contemporaine. Pour cette nouvelle pièce de son théâtre muet, Estelle Lagarde reste fidèle au casting soigné et à la rigueur d'une mise en scène si élaborée qu'on l'imagine écrite. Elle n'abandonne pas non plus le support argentique au grand format de la chambre d'atelier ni les longs temps de pose par lesquels elle fait apparaître une partie de ses personnages en silhouettes diaphanes, que les sujets principaux restitués dans leur opacité ne voient ni n'entendent.
Mis en scène dans le décor naturel d'un garage en déshérence, le spectacle pose un insoluble questionnement. Qui sont donc ces fantômes qui viennent peupler ces pièces, pièces de théâtre ou d'atelier. Leur donnerait-on le statut de souvenir de jours meilleurs, ou les voit-on au contraire comme les membres d'une phalange virtuelle de gardiens accourus pour prévenir le non-retour du désespoir et la résolution du suicide ?
Les légendes qu'Estelle Lagarde a voulues courtes et sans malice apparente ne nous disent rien de plus que nous ne savons déjà. La force de ces images, que l'actualité inciterait à prendre au sérieux, tient précisément dans l'unisson de la scène et du titre, dans l'évocation implacable d'une situation de mal-être, d'une atmosphère amère qu'une touche d'humour rend acide au lieu de l'édulcorer. (...) »

Hervé Le Goff, texte écrit pour Images Magazine

« (...) This work is seen from employers' point of view. They are disillusioned, unwell and overwhelmed, from the beginning of the week which comes unabated, on the desperately endless background of this very contemporary crisis. For this new play in her silent theater, Estelle Lagarde keeps a sophisticated cast and a rigorous staging, which is so elaborate that we imagine it written. She also keeps the argentic film technique with large format camera and long exposure time by which she gives to some of her characters, diaphanous silhouettes that the main characters, appearing in their opacity, neither see nor hear.
Directed in the natural setting of an abandoned garage, the show asks an insoluble question. Who are these ghosts that come to inhabit these rooms, these theater plays or these workshop rooms? Should we consider them as the memories of good days, or should we see them rather as the members of a virtual phalanx of guards rushing to prevent the non-return of despair and the resolution of suicide?
Estelle Lagarde wants these legends to be short and without apparent malice. They tell us nothing more than we already know. The strength of these images, which the news would incite us to take seriously, is precisely in the harmony between the scene and the title, in the relentless evocation of a situation of discomfort, a bitter atmosphere that a touch of humor does not sweeten but acidifies. (...) »

Hervé Le Goff, text written for Images Magazine