« Les photographies d'Estelle Lagarde sont réalisées dans des lieux à l'abandon – château, hôpital, maisons promises à la démolition. Ce n'est pas la poésie des ruines qui attire cette jeune femme, mais le fait que ces endroits chargés de la présence de leurs anciens locataires constituent des sanctuaires propices à l'évocation d'êtres disparus. Estelle Lagarde a perdu son compagnon, foudroyé par un cancer. Ses deux premières séries de photographies, Dame des Songes et Contes Sauvages, évoquent ce deuil et une tentative de retour dans le monde des vivants. Apprivoisant l'insupportable par la beauté, cette architecte de formation met en scène des personnages fantomatiques, masqués, des femmes en robe du soir qui errent entre deux réalités, celle des morts et la nôtre. Dans Hôpital, les spectres cèdent la place à des êtres de chairs et de sang. Estelle Lagarde y révèle par des allégories les peurs et le dénuement que l'on ressent dans les établissements hospitaliers. L'impression d'être dépossédé de soi. Appuyée par une très grande maîtrise de la mise en scène, la photographe matérialise avec un humour froid, proche de la colère, le désarroi des patients et le retour à l'enfance de certains comme ultime échappatoire. »
Luc Desbenoit pour Télérama
« Estelle Lagarde makes photographs in neglected places - château, hospital, houses set for demolition. This is not the poetry of ruins that attracts this young woman, but the fact that these places charged with the presence of their former tenants are sanctuaries conducive to the evocation of vanished beings. Estelle Lagarde has lost his companion, struck down with cancer. Her first two series of photographs, “Dame des Songes” (Queen of Dreams), and “Contes sauvages” (Wild Tales) evoke bereavement and an attempt to come back into the world of the living. She tames the unbearable through beauty. Estelle Lagarde, architect, features ghostly, masked characters, women in evening dress who wander between two realities, that of the dead and ours. In “Hôpital” (Hospital), the spectra are being replaced by beings of flesh and blood. Her allegories reveal the fears and deprivation felt in hospitals: the feeling of being dispossessed of oneself. Supported by a great mastery in directing, this photographer materializes, with a cold humor, close to anger, the patients’ disarray and the return to childhood, which is, for some of them, the ultimate escape. »
Luc Desbenoit for Télérama