« J'ai emporté ce personnage tout de blanc vêtu dans ma valise sans savoir quel serait le décor de ses errances, ni s'il y aurait vraiment un décor. Je savais que ce costume pourrait me permettre de trouver un autre voyage, un voyage qui me conduirait plus loin encore. Mais je ne savais pas comment. Je n'imaginais pas que ce double m'aiderait à trouver ma place dans cet hôtel, puis, par extension, dans un rapport social et qu'un jeu s'instaurerait. Et je suis surprise de voir que ces lieux ordinaires sont étonnants à mes yeux, que ces ambiances m'inspirent. Si je n'ose me montrer chauve le jour, cela m'amuse de me promener seule la nuit, dans l'ombre et le silence, de me farder et de m'habiller pour aucun autre spectateur que mon appareil photo, de m'inventer un monde si différent de celui du jour, un monde que personne ne voit, que personne n'entend. Un monde secret. »
Estelle Lagarde, extrait de La traversée imprévue, éditions La cause des livres
« I carried this white-clad character in my suitcase without knowing what the setting for his wanderings would be, or whether there would really be a setting. I knew that this costume could allow me to find another journey, a journey that would take me even further. But I didn't know how. I didn't imagine that this double would help me find my place in this hotel, and then, by extension, in a social relationship and that a game would be established. And I am surprised to see that these ordinary places are surprising to me, that these atmospheres inspire me. If I don't dare to show myself bald during the day, it amuses me to walk alone at night, in the shadows and in silence, to put on make-up and to dress for no other spectator than my camera, to invent a world that is so different from that of the day, a world that no one sees, that no one hears. A secret world. »
Estelle Lagarde, extract from "La traversée imprévue / The unforeseen crossing", publisher La cause des livres